mardi 22 juin 2010

Le poker ce n'est pas comme le vélo !

Quand on a fait du vélo une fois, on n'oublie jamais comment tenir en équilibre sur deux roues. Bon, cela étant dit, quand on sort de la cave une vieille bécane qui n'a plus vu la lumière du jour depuis dix ans et qu'on la dépoussière énergiquement avant d'enfourcher la bête à nouveau, on stresse un peu mais quelques tours de roue plus loin, on s'aperçoit avec joie que "le vélo, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !".
Toutefois, ça se gâte un peu quand, quinze kilomètres et une côte abrupte plus loin, on se retrouve rouge comme une pivoine, ahanant comme un unijambiste asthmatique égaré dans un sentier de Grande Randonnée un jour de canicule.
Savoir comment pédaler sans tomber ne fait pas forcément avancer votre vélo très loin.

C'est pire encore pour le joueur de poker car pour lui, avaler des kilomètres de flop ne suffit même pas à entretenir ses compétences. Certes, jouer, jouer et jouer encore vous familiarise avec nombre de situations et facilite à la longue votre prise de décisions mais vous limiter à ce type d'entraînement ne va pas vous permettre d'évoluer et je peux même vous affirmer que votre niveau de compétence va baisser !

Et pendant ce temps, d'autres joueurs, de plus en plus nombreux et de plus en plus instruits, réduisent leur retard et font de vous, petit à petit, un joueur moyen, un joueur perdant.


Les meilleurs, dans toutes les disciplines, sont ceux qui consacrent la plupart de leurs heures à ce que l'on appelle "entraînement délibéré" (deliberate practice), cette activité qui a pour objectif explicite d'améliorer leurs performances en décomposant chaque geste, en l'analysant et en s'épuisant à le rendre parfait et instinctif par des milliers de répétitions, toutes étudiées et analysées à leur tour.

Comment croyez-vous que Tiger Woods, Justine Henin et les autres font pour vous régaler de moments de grâce ? En jouant au golf ou au tennis tous les jours et en espérant que leur jeu va s'améliorer tout seul ?
Non, ils bossent chaque swing, chaque coup droit, chaque geste, le reproduisant, en le mesurant, en l'améliorant, et ce jusqu'à obtenir une parfaite efficacité qu'ils entretiendront lors de leurs entraînements futurs.

C'est pareil pour un joueur de poker ! Il analyse chacune de ses actions, vérifiant sans arrêt le bienfondé de ses décisions, ajoutant d'autres paramètres (Que devais-je faire en cas de relance, quelle était mon équité à cinq joueurs plutôt qu'à trois, mon call aurait-il été exact avec 100 jetons de moins ou si mon adversaire avait été plus loose, etc ...).
Il joue beaucoup c'est vrai, mais chaque tournoi, chaque session est l'occasion de prendre des notes et de nourrir sa réflexion et ses entraînements futurs. Il échange des conseils avec ses proches ou sur des forums dédiés, il s'informe des nouvelles tendances (le poker change tout le temps, son jeu doit s'adapter en permanence).

S'il se contente de jouer et ne consacre plus (ou plus assez) de temps à ce "deliberate parctice " (je préfère le terme anglais), son jeu commence à s'émailler d'erreurs qu'il ne détectera que lorsqu'une longue période de "soi disant bad run" finira par lui mettre la puce à l'oreille. Il régressera pendant que d'autres le dépassent et ça au poker, c'est le début de la fin !

Alors au diable ce romantisme qui voudrait qu'on gagne sans effort et que le talent se suffit à lui-même, le poker de haut niveau, à l'instar de toutes les pratiques sportives, exige de vous un engagement sans partage.

C'est là le prix pour espérer devenir, et rester, un joueur qui fait la différence !

1 commentaire:

  1. Joli article Dje !
    Il est vrai qu'un joueur appliqué, s'il veut gagner ne peut se permettre de "travailler" en ayant pas la motivation et suffisamment de concentration pour pouvoir le faire de manière correct !
    C'est ce qui permet également d'être gagnant à niveau égal...

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