D'abord, mon jeu devient moins naturel, plus crispé. Ensuite je commence à "forcer" pour résorber les pertes encourues et mon jeu se fait plus haché et violent.
Enfin, si les résultats restent médiocres, je commence à douter, à devenir timide, à craindre de m'engager dans un pot.
Cette dégradation de mon jeu s'accompagne généralement de la crainte de ne plus être un joueur gagnant, de n'avoir pas su apprendre assez vite pour rester parmi cette minorité de joueurs qui parviennent, d'année en année, à conserver un retour sur investissement positif.
Je me rends compte alors que le "bad run" est bel et bien l'épreuve la plus difficile à surmonter pour un joueur de poker et qu'il peut épuiser en très peu de temps la confiance, la bankroll et l'envie.
Et puis, un jour, l'orage passe sans que je m'en rende vraiment compte. Ni mes efforts d'introspection, ni mes supplications muettes aux "Dieux Croupiers" ni même encore mes cours de yoga par correspondance ne sont pour rien dans cette embellie, j'en suis certain. C'est juste Dame Variance qui est partie dans l'autre sens, m'accordant good beats et tables finales en pagaille et, chose étrange, je ne me pose jamais de questions quand ça varie à mon avantage .....
Tout ça pour dire qu'après deux mois de galère et l'amputation de près de 50% de mon bénéfice de l'année, une petite éclaircie s'est produite hier sous la forme d'une modeste table finale dans un tournoi multi tables riche de 135 joueurs au tout nouveau format "rush poker".
La récompense n'a rien d'un trésor péruvien (420$ pour 22 investis) mais cette troisième place bien négociée vient nourrir un capital confiance par trop entamé et représente au minimum une éclaircie plus que bienvenue.
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